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Analyse et réflexions à partir d’un ouvrage : Nos pères, nos frères, nos amis - Dans la tête des hommes violents (Mathieu Palain)



Couverture livre

Merci Mathieu Palain. Merci pour cet ouvrage[1] éclairant. Merci pour cette enquête fouillée. Merci pour cet angle de vue sans doute risqué mais si intéressant, sur le phénomène dont on parle pourtant de plus en plus des violences faites aux femmes.

 

Mathieu Palain, journaliste, a collecté des données, des histoires de vie, des témoignages de soignants, de victimes, d’auteurs.

Les pistes explorées sont nombreuses. J’ai eu envie, après la lecture de ce livre, de regrouper quelques débuts de réponses à certaines questions que l’auteur a posées, et d’essayer de les compléter par ma propre et modeste réflexion, voire de les prolonger par d’autres interrogations. D’où cette série d’articles.

 

La source de la violence – selon les hommes eux-mêmes


Les hommes que l’auteur a rencontrés dans le cadre d’un groupe de parole puis interviewés paraissent rarement prêts à changer, très peu conscients des conséquences de leurs actes, encore moins clairvoyants sur les stéréotypes et les grands principes qu’ils participent à propager et, cerise sur le gâteau, plus ou moins exempts de la responsabilité de leur violence.

 Je sais que je peux rechuter. Si je la revois, si je prends contact avec elle, je vais craquer à nouveau. C’est une femme qui a une forte personnalité

De fait, ils considèrent que la source des violences conjugales est notre société, laquelle favorise l’autonomie, la liberté des femmes, ce qu’elles en ont fait, le rapport de forces inversé depuis #MeToo, avec la peur que leur femme brandisse le recours à la police.

Se sont-ils demandé pourquoi on peut en arriver à s’armer d’un potentiel recours à la police comme argument de discussion ? Ont-ils bénéficié de l’éducation affective permettant de s’interroger sur le consentement, l’empathie, le respect de la liberté de chacun ?

C’est vers là qu’essaient de les accompagner les animatrices du groupe de parole. Cependant, le chemin à parcourir est souvent bien trop long au regard du temps imparti, et malgré l’accompagnement individuel proposé à ces hommes par ailleurs.

Ceux-ci, dans une réflexion parfois un peu plus élaborée tout de même, peuvent également évoquer une certaine angoisse, celle de la mante religieuse, de l’emprise des femmes sur eux, tel cet auteur de violences que cite l’auteur : « Je sais que je peux rechuter. Si je la revois, si je prends contact avec elle, je vais craquer à nouveau. C’est une femme qui a une forte personnalité ».

Ces hommes racontent en effet combien il leur paraît fondamental que leur conjointe dispose d’un revenu, d’un niveau hiérarchique inférieurs.

 

Cela trahit un manque d’assurance : qui se sent menacé par l’autre s’il est sûr de lui-même et dispose d’un niveau suffisant de confiance en soi ?


[1] PALAIN, Mathieu. Nos pères, nos frères, nos amis – Dans la tête des hommes violents. 2023. Les Arènes. 234 p.

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